Changements globaux : l’addition sera salée pour la biodiversité côtière
En plus de l’augmentation globale des températures, les changements actuels confrontent les écosystèmes côtiers à un autre risque majeur : la salinisation. Chez les ectothermes côtiers, la température et la salinité peuvent influencer bon nombre de traits essentiels pour la survie de ces organismes. Cependant, les effets conjoints de ces deux paramètres restent jusqu’à présents sous-explorés alors que l’évaluation de leurs conséquences cumulées est essentielle pour prédire efficacement le devenir des écosystèmes côtiers.
Situés à la frontière entre les environnements terrestres et océaniques, les écosystèmes côtiers (à la fois terrestres et aquatiques) sont considérés comme des habitats clés jouant des rôles majeurs à l'échelle mondiale. Mais cette localisation, entre Terre et Mer, les rend également plus vulnérables face aux risques actuels, les environnements côtiers étant affectés par une grande variété de changements globaux. Parmi ceux-ci, l'augmentation de la salinité des milieux, qui se produit actuellement à des taux sans précédent, est restée sous-évaluée.
Les systèmes côtiers, déjà caractérisés par une forte hétérogénéité spatio-temporelle de la salinité, voient la hausse des températures, de la durée et de l'intensité des événements thermiques extrêmes venir perturber l'équilibre entre l'évaporation d’eau et l’apport des précipitations, intensifiant ainsi encore la salinisation.
Néanmoins, les effets de ces deux facteurs de stress sont rarement examinés conjointement, notamment en ce qui concerne leurs effets sur les organismes qui peuplent ces milieux. En s’intéressant à des composants essentiels de la biodiversité côtière (arthropodes, amphibiens et reptiles, tous ectothermes et donc particulièrement sensibles à l’augmentation de la température), il apparaît que notre connaissance actuelle sur l’impact de l'interaction entre température et salinité n’a été formellement testée uniquement chez une poignée d’espèce (principalement des amphibiens pendant leurs stades larvaires), laissant la majorité des autres taxons (ou stades de vie) sous-étudiés. Un tel biais dans les efforts de recherche empêche de proposer des modèles globaux capables de prédire le devenir de cette biodiversité côtière. Comprendre comment ces facteurs de stress modulent conjointement la riche biodiversité côtière est un objectif majeur et urgent.
Au-delà d’effets spécifiques, des changements dans la distribution des espèces, dans la composition des communautés et dans les interactions trophiques sont autant de conséquences possibles induites par ces facteurs de stress environnementaux.
Le rôle de cette interaction doit également être étudiée dans d'autres écosystèmes concernés par la salinisation et le réchauffement climatique (cours d’eau, lacs, zones humides continentales) en raison de processus naturels (variations saisonnières et patterns d'évaporation) ou anthropiques (sels de déneigement et réchauffement climatique).
Référence de la publication
Lorrain-Soligon, L., Brischoux, F., & Pétillon, J. (2024). The interactive effects of salt and heat on coastal ectotherms. Trends In Ecology & Evolution, Trends in Ecolgy and Evolution, publié le 21 octobre 2024.
Laboratoire CNRS impliqué
Centre d'Etudes Biologiques de Chizé-La Rochelle (CEBC - CNRS/ Univ. La Rochelle)
- Ecobio - Ecosystèmes, Biodiversité, Evolution (UMR 6553 CNRS-Université de Rennes)