Une étude d’une envergure considérable permet de mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes de rivière à l’échelle globale

Résultats scientifiques Ecologie fonctionnelle

Grâce à une nouvelle méthodologie, simple et standardisée, l’écologie des rivières a pu être examinée à une échelle globale par un consortium international de chercheurs dirigé par Scott Tiegs et incluant Eric Chauvet, Fanny Colas, Julien Cornut, Michaël Danger, Olivier Dangles et François Guérold en France. L’étude, publiée dans Science Advances, révèle une diminution du taux de recyclage du carbone organique et de sa variabilité avec la latitude, suggérant une limitation par la température vers les pôles et un rôle plus important d’autres variables environnementales (p.ex. l’abondance en nutriments) vers l’équateur. Les auteurs prônent la généralisation de l’approche suivie pour une meilleure compréhension de l’influence des facteurs climatiques sur le fonctionnement des écosystèmes.

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Une rivière équatorienne et sa zone riveraine, à l’instar d’autres sites dans 40 pays à travers le monde où ont été mesurés les taux de recyclage du carbone organique. © Scott Tiegs

Le travail de 153 chercheurs dans 40 pays, dont 6 en France, a permis de nouvelles découvertes sur l’effet des facteurs du climat sur les écosystèmes de rivière. Ces résultats sont publiés dans le dernier numéro de la revue Science Advances. L’étude montre que les facteurs climatiques, tels que la température et l’humidité, influencent les taux de recyclage du carbone organique dans les écosystèmes de rivière. Or le cycle du carbone est un élément-clé du fonctionnement écosystémique le long d’une large gamme d’échelles spatiales, allant du réseau trophique local au climat global.


Selon Scott Tiegs, professeur de biologie à l’Université Oakland du Michigan qui a dirigé cette étude, « les écosystèmes de rivière jouent un rôle important dans le cycle global du carbone en régulant les taux de décomposition et en transportant la matière organique jusqu’aux océans, mais nous n’avons qu’une compréhension partielle de la façon dont les taux de décomposition varient d’une rivière à l’autre ».


A la différence de la plupart des études précédentes sur le cycle du carbone dans les petits cours d’eau et les fleuves, la méthodologie de cette étude était identique dans tous les sites. Cette étude était basée sur un bioessai standardisé et facile à mettre en œuvre, permettant la participation d’un grand nombre de chercheurs.  « Ceci nous a permis d’évaluer les taux de décomposition dans plus de 500 rivières à la surface du globe, en couvrant tous les continents », précise Scott Tiegs. L’article indique que les facteurs climatiques qui contrôlent les taux de décomposition sont de plus en plus influencés par les activités anthropiques. Ces résultats devraient aider les chercheurs à établir des références pour quantifier les impacts environnementaux sur le fonctionnement des écosystèmes à l’échelle globale.


 « Si nos découvertes apportent une information fondamentale sur le fonctionnement des écosystèmes de rivière, elles serviront également de fondation aux recherches futures sur l’évaluation des réponses écologiques à large échelle au réchauffement et aux autres dimensions du changement climatique global », conclut Scott Tiegs.

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Des bandes de coton servent de substrat standardisé pour la mesure des taux de décomposition dans les milieux aquatiques et terrestres associés. © Scott Tiegs

Référence

Tiegs SD, Costello DM, Isken MW, Woodward G, Mcintyre PB, Gessner MO, Chauvet E, et al. Global Patterns and Drivers of Ecosystem Functioning in Rivers and Riparian Zones. Science Advances 2019 5:eaav0486.

Contact chercheur

Eric CHAUVET
Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement (EcoLab - CNRS/Université de Toulouse Paul Sabatier/INP Toulouse)
eric.chauvet@univ-tlse3.fr