Les tourbières, ralentisseurs d’effet de serre ?
Les tourbières, qui couvrent 3% des surfaces, stockent plus de carbone que toute la végétation mondiale réunie. Une étude récente, menée par une équipe internationale à laquelle ont participé des chercheurs du Laboratoire écologie fonctionnelle et environnement (Ecolab - CNRS/Université Toulouse Paul Sabatier/ INP Toulouse), montre que les tourbières pourraient contribuer à réduire l’effet de serre dû au réchauffement climatique sur une courte durée, mais que cet effet diminuera au fur et à mesure que la planète se réchauffera. Ces résultats ont été publiés dans la revue Nature Climate Change.
Dans une forêt, le carbone de la végétation morte est décomposé et libéré dans l’atmosphère. Mais dans une tourbière, la saturation en eau et le manque d’oxygène ralentit ce processus et piège le carbone. Ainsi les tourbières couvrent seulement 3% des surfaces continentales, mais stockent plus de carbone que toute la végétation mondiale. Sous l’effet du réchauffement climatique, les tourbières accumulent de plus en plus de carbone. En effet, la plupart des tourbières étant localisées dans des zones climatiques froides (Sibérie, Canada, etc.), une augmentation des températures de 1°C à 4°C d’ici 2100 allongera la saison de croissance des plantes et donc la quantité de plantes mortes qui s’accumulera. La décomposition de ces plantes accélérera également, résultant en une libération accrue de méthane et de carbone, mais l’effet global sera un stockage supplémentaire de 5% de carbone. Cet effet sera néanmoins contrebalancé par une accumulation réduite dans les zones tropicales comme Bornéo ou l’Amazonie, où les tourbières, sous l’effet de l’exploitation et de l’augmentation de température, libère du carbone sous forme de CO2.
La plupart des modèles climatiques ne tiennent en général pas entièrement compte des effets au sein de la biosphère (en d’autres mots les effets des organismes vivants). Cette biosphère peut soit ralentir ou accélérer le changement climatique. Les résultats de cette étude montrent que les tourbières pourraient contribuer au ralentissement du changement climatique, à condition de protéger ces écosystèmes menacés, en particulier en région tropicale. Une meilleure préservation et la restauration des tourbières déjà drainées ou exploitées contribuera à ralentir le changement climatique et les émissions de CO2 dans l’atmosphère.
Référence
Angela V. Gallego-Sala et al, Latitudinal limits to the predicted increase of the peatland carbon sink with warming, Nature Climate Change (2018).