Florence Magnin, cartographe du permafrost
En haute montagne, Florence Magnin mesure la température des versants afin de comprendre comment le changement climatique affecte le permafrost. Cette chargée de recherche CNRS au laboratoire EDYTEM (CNRS/USMB) étudie également les risques d’écroulements et d’aléas en cascade, comme les vagues d’impacts dans les lacs glaciaires, causés par la déstabilisation des versants. Ces efforts lui valent de recevoir la médaille de bronze du CNRS.
En montagne, la neige et les glaciers ne sont pas les seuls à être menacés par le changement climatique. Le permafrost est ainsi scruté par Florence Magnin, chargée de recherche CNRS au laboratoire Environnements, dynamiques et territoires de montagne (EDYTEM, CNRS/USMB). Elle déploie des réseaux de capteurs de températures sous la surface des versants, y compris dans des forages à plusieurs mètres de profondeur, afin d’établir des modèles statistiques et statistiques, puis de cartographier et de simuler l’évolution du permafrost à l’échelle des montagnes.
« Je travaille par exemple sur l’impact de la neige sur le permafrost, explique Florence Magnin. Ses effets sont contre-intuitifs et non linéaires, car elle peut aussi bien le réchauffer que le refroidir. » Ses modèles permettent de quantifier le réchauffement récent du permafrost, qui est de l’ordre d’un degré par décennie sur les versants les plus raides. Pourtant, dans beaucoup de zones, le permafrost n’a jamais été encore cartographié.
Florence Magnin s’intéresse également aux évènements cryogravitaires, un terme qu’elle a elle-même forgé pour désigner les chutes de pierres, avalanches rocheuses et glissements de terrain plus lents en montagne. La fréquence de ces incidents s’accélère en effet avec la dégradation et le réchauffement de la cryosphère.
Ces différents travaux l’ont beaucoup menée dans les Alpes, mais aussi en Norvège continentale et dans l’archipel du Svalbard, ainsi qu’en Islande. Florence Magnin démarre un projet dans les Andes péruviennes, où elle se rendra pour la première fois cet automne. Plus récemment, elle a commencé à modéliser les futurs lacs qui se formeront avec le retrait des glaciers. Ils pourraient en effet présenter des risques d’aléas en cascade, où une avalanche tombant dedans entraînerait un tsunami et des laves torrentielles.
« Je viens de la géographie et j’ai toujours voulu comprendre comment les paysages se façonnent et évoluent, y compris sous l’impact des sociétés humaines, avance Florence Magnin. Nous sommes si petits face aux montagnes, elles nous rendent plus humbles devant la nature. »