Lauriane Mouysset : une approche inter et transdisciplinaire de la crise écologique
Avec deux doctorats et une fibre artistique, Lauriane Mouysset pose un regard neuf sur les outils d’évaluation d’impacts écologiques prisés par les décideurs. Depuis le CIRED (CNRS/École des Ponts/AgroParisTech/Cirad), elle étudie également la diffusion du savoir scientifique au-delà de sphère académique. Ses travaux ont été récompensés par la médaille de bronze du CNRS.
Écologie, économie, philosophie et art, Lauriane Mouysset ne manque pas de cordes à son arc. Cette chargée de recherche au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED, CNRS/École des Ponts/AgroParisTech/Cirad) convoque différentes disciplines pour aborder la crise des socio-écosystèmes.
« Lors de mes études en écologie, la crise de la biodiversité était exclusivement traitée du point de vue des sciences naturelles, sans prendre en compte les aspects sociaux et économiques, déplore Lauriane Mouysset. Comme on ne peut pas faire avancer une cause si l’on ne parle pas la langue des décideurs, je me suis formée et ai fait une thèse à l’interface entre écologie et économie. Plus tard, alors que j’étais déjà au CNRS, j’ai ajouté une perspective philosophique qui m’a conduite à rédiger un second doctorat, en éthique environnementale. »
Dans ses travaux interdisciplinaires, combinant écologie, économie et philosophie, Lauriane Mouysset questionne les modèles utilisés pour évaluer l’impact écologique de politiques économiques. « Si l’on ne regarde pas les soubassements éthiques et philosophiques de ces outils, on se retrouve à manipuler des chimères dépourvues de sens », affirme la chercheuse, qui a notamment travaillé sur la politique agricole en France. Ses travaux ont par exemple traité de la coopération entre agriculteurs et apiculteurs, ou encore de l’amélioration de l’efficacité écologique des trames vertes en étudiant une soixantaine de populations d’oiseaux.
Lauriane Mouysset propose également une recherche transdisciplinaire sur les transferts de connaissances universitaires vers la société civile. Elle a ainsi produit et analysé une base de données sur la perception de la déforestation par les habitants de l’état d’Amazonas au Brésil. Son travail a été présenté au grand public par un cycle de conférences, un livre articulant art et médiation scientifique, et plusieurs expositions de photographies. « Je m’intéresse aux collaborations entre artistes et scientifiques et à la manière dont ces collaborations permettent de diffuser de la connaissance sur des sujets médiatiquement saturés », complète Lauriane Mouysset. Elle sera d’ailleurs pensionnaire à la Villa Médicis l’année prochaine, dans le cadre de la convention entre l’Académie de France à Rome et le CNRS, pour son nouveau projet art-science sur la mise en récit de la crise des socio-écosystèmes.