Les crapauds côtiers sont plus petits et investissent moins dans la reproduction
La salinité environnementale affecte de nombreux éléments clés de la biologie des organismes. Dans cet article, des chercheurs ont montré que la taille corporelle et la reproduction de crapauds côtiers, exposés à des milieux plus salés, étaient fortement réduits, ce qui suggère une modification de l'allocation des ressources à la croissance et à la reproduction chez les amphibiens côtiers. Ces résultats, obtenus en collaboration avec la LPO dans la cadre du projet ANR PAMPAS, sont publiés dans Functional Ecology.
En résumé
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Les crapauds côtiers sont plus petits que leurs homologues continentaux, et les femelles côtières produisent moins d’œufs, et des œufs plus petits.
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Ces différences sont liées à une altération de l'allocation des ressources, les femelles investissant moins dans la reproduction.
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Cette altération semble liée à l’important gradient spatial de salinité et aux coûts énergétiques associés au maintien de l'équilibre hydro-minéral des crapauds
Les environnements côtiers sont plus salés que ne le sont les environnements continentaux. Les organismes vivant dans de tels environnements doivent réguler leur équilibre hydro-minéral, ce qui est énergétiquement coûteux. Par conséquent, l'énergie investie dans la régulation hydro-minérale n'est plus disponible pour d'autres fonctions telles que la croissance ou la reproduction.
Chez Bufo spinosus, un crapaud très répandu dans l’Ouest de la France, des scientifiques ont montré que les individus côtiers sont plus petits et plus légers que leurs homologues continentaux. Durant la période de reproduction, les femelles côtières produisent également moins d’œufs, et ces œufs sont plus petits. Si les femelles côtières sont plus petites, ce n’est pas seulement ce qui explique cet investissement plus faible dans la reproduction. En effet, les chercheurs ont constaté que ces femelles investissaient disproportionnellement moins dans la fécondité, la taille des œufs et la protection des œufs par rapport à leur taille corporelle, en comparaison de leurs homologues continentales.
Les femelles côtières seraient donc plus égoïstes ? Les milieux côtiers moins enclins à la croissance ? Ces résultats suggèrent plutôt une altération de l'allocation des ressources à la croissance et à la reproduction chez les amphibiens côtiers, ce qui peut être lié à l’important gradient spatial de salinité et aux coûts énergétiques associés au maintien de l'équilibre hydro-minéral.
A une période où la perspective d’une salinisation côtière accrue s’avère inévitable (submersions marines plus fréquentes, augmentation du niveau marin, diminution des précipitations), comprendre les effets de la salinité environnementale et de son augmentation sur la biodiversité côtière devient plus que jamais nécessaire.
Laboratoires CNRS impliqués
- Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC - CNRS / La Rochelle Université)
Objectifs de développement durable
- Objectif 13 : Mesures relatives à la lutte contre le changement climatique
- Objectif 14 : Vie aquatique
- Objectif 15 : Vie terrestre
Référence
Lorrain-Soligon L, Périsse L, Robin F, Jankovic M, Brischoux F. 2023. The costs of living on the coast: reduction in body size and size-specific reproductive output in coastal populations of a widespread amphibian. Functional Ecology, in press.