Les premières sociétés agropastorales du Languedoc méditerranéen

Le Taï (Remoulins – Gard)
Auteur(s)
Claire MANEN
Publication
janvier 2023
Éditeur
Archives d’Écologie Préhistorique

En Europe occidentale, le monde paysan émerge il y a 8000 ans et vient progressivement remplacer les modes de vie fondées sur la chasse, la collecte ou la pêche. Cet ouvrage retrace 3 millénaires de l’histoire des premières sociétés paysannes mais également des interactions entre les communautés humaines et leur environnement en Languedoc méditerranéen, entre les 6e et 3e millénaires avant notre ère. Il est le fruit d’un long travail de terrain archéologique mené sur le site du Taï à Remoulins dans le Gard et d’une démarche interdisciplinaire soutenue par la réunion d’une équipe scientifique composée de 47 chercheurs et chercheuses d’horizons disciplinaires et institutionnels diversifiés.

À l’échelle européenne, la période néolithique s’étend sur plus de trois millénaires, depuis les premières pénétrations de l’économie agropastorale dans la péninsule Balkanique, vers 6500 avant notre ère, jusqu’au plein développement de la métallurgie du cuivre, durant le 3e millénaire. Cette histoire coïncide en partie avec la période postglaciaire holocène, qui débute vers 10000 avant notre ère et se caractérise par de profonds changements climatiques et environnementaux dont l’élévation du niveau marin. Pour beaucoup l’émergence des économies agricoles constitue un phénomène majeur de l’histoire des sociétés humaines. Elle représente le point de départ de transformations technique, économique, symbolique et sociale dont nous sommes aujourd’hui les héritiers.

Ces travaux ont permis à l’échelle des espaces de vie des communautés, de discuter des rythmes et modalités d’occupations du site notamment au travers des larges spectres d’activités qui y ont été pratiquées. Par leur impact sur le milieu, les communautés ont largement contribué aux dynamiques paysagères. La présence des communautés avec leurs activités, leurs troupeaux marquent les paysages d’abord par un remodelage des composantes forestières puis à la fin de la séquence par une déforestation et une forte érosion des versants bouleversant les dynamiques géomorphologiques. Ces bouleversements ne sont cependant pas irréversibles car il est également possible d’observer des phases de stabilisation et de reprise des dynamiques naturelles lorsque le site est inoccupé. Ce sont également les questions relatives aux pratiques agricoles et d’élevage, à la gestion des ressources naturelles et des territoires qui peuvent être documentées. Enfin, ce sont les dynamiques d’anthropisation et de peuplement, les évolutions culturelles buissonnantes, les réseaux sociaux et les interculturalités ou encore l’émergence de la métallurgie qui sont abordés. Autant d’éléments qui font, à plus large échelle, l’histoire du Néolithique.