Le passe sanitaire n’a pas réduit les inégalités de vaccination Covid-19 en France
Si la majorité des Français a été vaccinée contre la Covid-19, les taux de vaccination varient localement. Une équipe interdisciplinaire, à l’intersection entre biologie, santé publique, sociologie et géographie a utilisé des bases de données publiques exhaustives issues de l’Assurance Maladie et de l’INSEE pour explorer les potentielles causes de ces variations. Les résultats, publiés dans European Journal of Public Health, indiquent que les taux de vaccination les plus bas se retrouvent dans les localités les plus pauvres et que ces inégalités ont persisté après la mise en place des passes sanitaire et vaccinal.
Durant l’été 2021, un passe sanitaire a été introduit en France pour encourager la vaccination contre le/la Covid-19. Sa mise en place s’est accompagnée d’une hausse importante des taux de vaccination. Cependant, ces taux varient d’une localité à l’autre. Une équipe pluridisciplinaire, composée d’une spécialiste de biologie évolutive du CNRS, un biostatisticien de l’AP-HP, une géographe de l’institut français de géopolitique, une sociologue de l’INSERM et une médecin de santé publique et épidémiologie de l’Université Paris-Cité / AP-HP / INSERM, a cherché à identifier des déterminants de ces hétérogénéités de vaccination en France, et à évaluer l’impact des passes sanitaire et vaccinal sur ces hétérogénéités.
L’équipe a utilisé des bases de données publiques à l’échelle de la France entière, mis à disposition notamment par l’Assurance Maladie et l’INSEE, avec une approche de type « fouille de données », pour identifier, parmi 141 variables socio-économiques, politiques et géographiques, lesquelles étaient les plus associées aux taux de vaccination locaux, couvrant toute la France métropolitaine. Ces associations ont été mesurées à des dates-clés autour des annonces et des mises en place des passes sanitaire puis vaccinal.
À ces différentes dates, les variables les plus associées à de faibles taux de vaccination locaux étaient la part du revenu de la localité liée au chômage, le taux de surpopulation des logements, la part de la population immigrée, et le pourcentage de vote pour François Asselineau à l’élection présidentielle de 2017, ainsi que le taux d’abstention à cette même élection. Ces associations persistaient aux différentes dates étudiées. L’étude, publiée dans European Journal of Public Health, montre que le passe sanitaire s’est accompagné d’une hausse des taux de vaccination, mais que les inégalités de vaccination en France demeurent présentes tout au long des différentes phases de la campagne de vaccination. Les résultats confirment par ailleurs l’influence du niveau de pauvreté et de la confiance dans le gouvernement sur les taux de vaccination.
Laboratoires CNRS impliqués
- Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris (iEES - CNRS / IRD / INRAE / Sorbonne Université / Université Paris-Est Créteil Val-De-Marne)
- Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS - CNRS / EHESS)
Objectifs de développement durable
- Objectif 3 : Bonne santé et bien-être
Une meilleure identification des déterminants des taux de vaccination permet de tirer des leçons pour les futures politiques vaccinales.
Référence
The French Covid-19 vaccination policy did not solve vaccination inequities: a nationwide study on 64.5 million people. Florence Débarre, Emmanuel Lecoeur, Lucie Guimier, Marie Jauffret-Roustide, Anne-Sophie Jannot. European Journal of Public Health. 2022