Vaccination contre les papillomavirus humains et diversité virale
Une équipe scientifique dont de nombreux chercheurs et chercheuses du laboratoire Maladies Infectieuses et Vecteurs : Ecologie, Génétique, Evolution et Contrôle (MIVEGEC – CNRS / Université de Montpellier / IRD) a effectué une étude clinique promue par le CHU de Montpellier et financée par le Conseil Européen de la Recherche pour déterminer si les vaccins contre les papillomavirus humains (HPV) sont « evolution-proof », c’est-à-dire si l’évolution virale peut les rendre moins efficaces. Leurs premiers résultats, publiés dans la revue Vaccine, montrent une protection inattendue des vaccins contre HPV51, responsable de nombreux cancers du col de l’utérus.
Les politiques de santé publique exercent une pression de sélection importante sur les infections virales. La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) conduisant à des cancers du col de l'utérus est une des plus récentes. La compréhension des infections génitales par les papillomavirus humains (HPV) reste donc un enjeu majeur de santé publique.
Dans le cadre de l’'étude clinique PAPCLEAR promue par le CHU de Montpellier et menée, notamment, par des scientifiques du laboratoire Maladies Infectieuses et Vecteurs : Ecologie, Génétique, Evolution et Contrôle (MIVEGEC – CNRS / Université de Montpellier / IRD), la prévalence des HPV et le statut immunologique ont été suivis chez 150 femmes (âgées de 18 à 25 ans).
Environ la moitié des femmes de la cohorte avaient été vaccinées contre les génotypes HPV 16, 18, 6 et 11. Les scientifiques ont néanmoins constaté une sous-représentation frappante des infections à HPV51 chez les femmes vaccinées, alors que les vaccins ne sont pas censés protéger contre ce génotype. Cette éventuelle protection croisée mérite donc d'être étudiée plus avant, d’autant que HPV51 est classé dans le groupe 1 des agents carcinogènes par l’Agence Internationale de la Recherche sur le Cancer (AIRC).
Plus généralement, les génotypes oncogènes non vaccinaux HPV51, HPV66, HPV53 et HPV52 ont été les plus fréquemment détectés dans la cohorte. Comme attendu, le statut vaccinal était associé avec une moindre infection par les HPV en général. Enfin, la détection d’infections HPV était également associée à la présence d'anticorps IgM spécifiques indiquant une possible réponse immunitaire spécifique et de courte durée. Ces analyses épidémiologiques, virologiques et immunologiques seront approfondis grâce au suivi longitudinal des participantes dans la cohorte.
Cette étude publiée dans la revue Vaccine est financée par le conseil européen de la recherche (ERC) dans le cadre du projet EVOLPROOF.
Les objectifs du développement durable
De par son focus sur la vaccination, ce travail répond à l’ODD 3 de l’ONU (« santé bien-être »). Ce travail répond aussi à l’ODD 5 (« égalité entre les sexes »), les cancers causés par les HPV touchant en majorité les femmes.
Références
Murall CL, Reyné B, Selinger C, Bernat C, Boué V, Grasset S, Groc S, Rahmoun M, Bender N, Bonneau M, Foulongne V, Graf C, Picot E, Picot M-C, Tribout V, Waterboer T, Bravo IG, Reynes J, Segondy M, Boulle N, Alizon S. 2020. HPV cervical infections and serological status in vaccinated and unvaccinated women. Vaccine. DOI: https://doi.org/10.1016/j.vaccine.2020.10.078.