Un projet pour protéger l'héritage culturel millénaire du Yémen
Lamya Khalidi, chercheuse au laboratoire Cultures et Environnements Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (CEPAM - CNRS/ UNIV COTE D'AZUR), en collaboration avec des chercheuses et des chercheurs du Deutsches Archäologisches Institut (DAI) et du Centre français d’archéologie et de sciences sociales (CEFAS), a obtenu un financement de l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflits (ALIPH), pour accompagner et aider l’Organisation générale des antiquités et des musées du Yémen (GOAM) à préserver les collections de cinq musées au Yémen.
L’héritage culturel millénaire du Yémen a été gravement endommagé par le violent conflit qui frappe le pays depuis 2015. Les collections de certains musées, qui n’avaient pas été détruites par les premiers combats, ont été temporairement déplacées dans des lieux plus sûrs. Cependant, l’urgence et le manque de moyens n’ont pas permis de prendre les mesures appropriées pour un stockage à long terme. Depuis, le patrimoine culturel yéménite continue à être fortement menacé. De plus, l’épidémie de COVID-19 a fragilisé davantage l’économie d’un des pays les plus pauvres du Moyen Orient. De surcroît, le Yémen a été récemment touché par de fortes pluies causes d’inondations destructrices.
Dans ce contexte, Lamya Khalidi, Préhistorienne, qui a travaillé et vécu au Yémen, et ses collègues du DAI et du CEFAS, ont présenté un projet dont l’objectif est d’assister et soutenir l’Organisation générale des antiquités et des musées du Yémen (GOAM) dans ses actions de sauvegarde et de stockage des collections de cinq musées (Musée national de Sanaa, Baynun, Zafar, Ibb et Ataq). Ce projet permettra la mise en place de plusieurs mesures essentielles de protection du patrimoine culturel yéménite :
1) la réparation des réserves des musées afin d’assurer la sécurité des objets contre le vol, l’endommagement par la pluie, la poussière et les insectes ;
2) la réparation des salles pour permettre un travail d’inventaire, de documentation et d’emballage (installation de lignes électriques, système solaire…) ;
3) l’achat d’ordinateurs pour mettre en place un véritable travail de documentation et archivage des collections ;
4) la rémunération sur une base journalière du personnel GOAM dont une grande partie n’est plus payé depuis environ deux ans.
Ce projet a été financé par L’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflits (ALIPH), dans un premier temps de 75.000 USD (15.000 USD par musée). L’ALIPH est une fondation, crée en mars 2017, dont l’objectif est d’apporter un soutien concret à la protection et à la reconstruction du patrimoine culturel dans les zones de conflit et les situations d'après-conflit. Ses trois domaines d'intervention sont : la protection préventive pour limiter les risques de destruction, les mesures d'urgence pour assurer la sécurité du patrimoine et les actions post-conflit pour permettre aux populations locales de jouir à nouveau de leur patrimoine culturel. Dans le contexte actuel lié à la pandémie de COVID-19, qui a mis et qui continue à mettre à rude épreuve le secteur culturel et de préservation des patrimoines culturels (fermeture de musées, de sites archéologique, de travaux de reconstruction …) l’ALIPH a doublé son budget initial en engageant plus de 2 millions USD en soutien de plus de 100 opérateurs.