L’une des plus riches diversités de carnivores fossiles d’Asie du Sud-Est
Une équipe de paléontologues franco-thaïlandais, pilotée par le laboratoire PALEVOPRIM (UMR 7262, CNRS/Université de Poitiers), a découvert une riche diversité de mammifères carnivores dans des dépôts datés de 12 à 14 millions d’années, dans une mine de charbon située au nord de la Thaïlande. Les résultats, publiés en juin dans la revue American Museum Novitates, nous apportent des éléments cruciaux sur l’évolution de la biodiversité et de la biogéographie des mammifères carnivores en Asie du Sud-Est.
Aujourd’hui, l’Asie du Sud-Est fait partie des points chauds de la biodiversité de notre planète. Les mammifères carnivores, vivant dans ces forêts tropicales actuelles, jouent un rôle clé dans l’équilibre des écosystèmes qui leur sont associés, notamment en assurant la régulation des populations de petits mammifères tels que les rongeurs. Des campagnes de fouilles menées entre 2004 et 2019 dans la mine de charbon à ciel ouvert de Mae Moh, au nord de la Thaïlande, ont permis la mise au jour de plusieurs nouvelles espèces fossiles de mammifères carnivores, dont les restes sont datés d’environ 12 à 14 millions d’années. Cette biodiversité fossile est l’une des plus riches en Asie du Sud-Est.
Alors que les restes de carnivores sont généralement plus rares que ceux des herbivores sur un site fossile, la diversité des espèces de carnivores à Mae Moh est très importante par rapport à celle des autres mammifères ayant fossilisés autour de cet ancien marécage (8 espèces de carnivores contre 13 espèces de proche-parents des éléphants, chevrotains, cerfs, cochons, rhinocéros, rongeurs, insectivores et primates), suggérant un écosystème passé bien différent de celui d’aujourd’hui.
Cette découverte permet également de mieux comprendre l’origine et la diversification des petits carnivores actuels dans cette région. En effet, elle permet de combler un manque de données fossiles sur les carnivores d’Asie du Sud-Est d’environ 30 millions d’années. Jusqu’alors, très peu de fossiles avaient été retrouvés entre 34 et 6 millions d’années dans cette région.
Parmi les huit espèces de cet ancien marécage boisé, sont décrites deux loutres (représentées par deux crânes et une centaine de restes dentaires et de mâchoires), plusieurs civettes, dont la plus ancienne représentante du groupe des civettes palmistes asiatiques, ainsi que la plus ancienne mangouste connue en Asie. En plus de ces petits prédateurs abondants, des restes plus rares d’un grand prédateur appartenant à la famille fossile des « chiens-ours » (Amphicyonidae) ont été également étudiés.
Référence
Grohé, C., L. de Bonis, Y. Chaimanee, O. Chavasseau, M. Rugbumrung, C. Yamee, K. Suraprasit, C. Gibert, J. Surault, C. Blondel, J.-J. Jaeger. 2020. The late middle Miocene Mae Moh Basin of northern Thailand: the richest Neogene fauna of Carnivora from Southeast Asia and a paleobiogeographic analysis of Miocene eastern Asian faunas. American Museum Novitates.