Des fourmis urbaines et forestières remarquablement semblables génétiquement
La vie en ville peut faire évoluer les populations urbaines différemment des autres. Des chercheurs de l'Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité (ISYEB - Sorbonne U/CNRS/MNHN/EPHE) et du laboratoire Biogéosciences (CNRS/EPHE/Université de Bourgogne) ont montré, dans un article publié dans Biology Letters, que les populations urbaines de la petite fourmi des glands ne sont étonnamment pas différenciées génétiquement des populations forestières, suggérant une expansion et une absence d’isolement. Cependant, certains gènes présentent des traces de sélection témoignant d’une adaptation au milieu urbain.
La vie urbaine peut avoir un impact sur l’évolution des populations. Ces populations, si elles sont isolées des populations non urbaines, peuvent se différencier génétiquement par des processus neutres (dérive génétique) ou par des processus d’adaptation (sélection naturelle). Des chercheurs de l'Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité (ISYEB - Sorbonne U/CNRS/MNHN/EPHE) et du laboratoire Biogéosciences (CNRS/EPHE/Université de Bourgogne) et de la Texas Agricultural and Mechanical University, se sont intéressés à ce processus chez la petite fourmi des glands Temnothorax nylanderi, dans leur article publié dans Biology Letters. Leur étude de génétique des populations a révélé que, de façon surprenante, l’urbanisation n’a aucun impact sur la diversité génétique au sein des populations ni sur la structuration génétique entre populations. L’histoire démographique de toutes les populations est très similaire et suggère une expansion suivie d’un déclin récent. Malgré la grande similitude entre populations, l’étude a détecté 19 gènes différenciés entre forêts et villes, qui sont associés à des composants cellulaires, des fonctions moléculaires et des processus biologiques centraux. Deux d’entre eux sont liés à des traits sociaux. Il semblerait donc que l’adaptation à l’urbanisation et aux changements environnementaux puisse passer par l’évolution de nouvelles propriétés de la vie en groupe. L’étude de l’expression de ces gènes permettra d’en déterminer la fonction sociale exacte.
Référence
Khimoun A., Doums C., Molet M., Kaufmann B., Péronnet R., Eyer P.A., Mona S. (2020) Urbanization without isolation: unexpected absence of genetic structure among cities and forests in the tiny acorn ant Temnothorax nylanderi. Biology Letters 16