Des pathogènes d'huître avec différentes armes pour une même cible
Le succès des infections dépend à la fois des facteurs de virulence des pathogènes et des défenses immunitaires de leurs hôtes. Une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences impliquant des chercheurs CNRS du laboratoire « Interactions Hôtes-Pathogènes-Environnements » (IHPE – CNRS/Univ Perpignan via Domitia/Ifremer/Univ Montpellier) montre que les espèces de Vibrio pathogènes d’huître ont développé divers mécanismes qui leur permettent de dépasser les puissantes défenses cellulaires de leur hôte pour causer des infections systémiques.
Diverses espèces de Vibrio causent des maladies infectieuses importantes pour l'homme et les espèces animales. Chez l’huître, ils sont associés à diverses maladies causant des pertes majeures dans les écloseries et dans les élevages.
Cette étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences, se penche sur les infections à Vibrio chez l'huître, un hôte écologiquement pertinent pour lequel des souches de Vibrio virulentes et non virulentes ont été isolées du terrain.
Des chercheurs CNRS du laboratoire « Interactions Hôtes-Pathogènes-Environnements » (IHPE – CNRS/Univ Perpignan via Domitia/Ifremer/Univ Montpellier) ont montré que les espèces virulentes de Vibrio utilisent différents mécanismes pour échapper aux défenses cellulaires de leur hôte. Ces mécanismes reposent sur des déterminants moléculaires distincts partagés entre les souches d’une même espèce de Vibrio, mais qui diffèrent entre les espèces de Vibrio.
Les différents mécanismes de cytotoxicité convergent néanmoins vers le même résultat crucial, la lyse des cellules immunitaires de leur hôte. Cette cytotoxicité permet aux souches virulentes de provoquer des infections systémiques. Si la cytotoxicité est une caractéristique bien connue des Vibrio pathogènes pour l’homme et les espèces animales, son rôle dans l’échappement aux défenses immunitaires était jusque-là resté largement inexploré.
Ces travaux révèlent que les mécanismes qui ciblent activement l'immunité de l'hôte pourraient être plus courants qu'on ne le pense parmi les espèces de Vibrio, y compris les agents pathogènes humains, dont l’étude montre qu’ils partagent certains mécanismes de cytotoxicité avec les pathogènes d’huître.
Référence
Rubio, T.*, Oyanedel-Trigo, D.*, Labreuche, Y., Toulza, E., Luo, X., Bruto, M., Chaparro, C., Torres Bejar, M., De Lorgeril, J., Haffner, P., Vidal-Dupiol, J., Lagorce, A., Petton, B., Mitta, G., Jacq, A., Le Roux, F., Charrière, G. and Destoumieux-Garzon, D. Species-specific mechanisms of cytotoxicity towards immune cells determine the successful outcome of Vibrio infections. pii: 201905747. doi:10.1073/pnas.1905747116. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 31221761
Les travaux ont été effectués par les laboratoires IHPE, LBI2M, Pfom et I2BC qui dépendent du CNRS, de l’Ifremer, et des Universités de Montpellier, Perpignan, Paris-Saclay et Sorbonne.