La gestion durable des sites d’art rupestre : renouveau méthodologique
La gestion durable des sites d’art rupestre nécessite le développement d’approches globales à même de prendre en compte l’ensemble des pratiques socio-culturelles qui entourent ces derniers, particulièrement complexes dans les contextes post-coloniaux. En vue de répondre à cet enjeu social, une équipe franco / sud-africaine expose dans International Journal of Heritage Studies la méthodologie développée à partir des sites d’art rupestre du massif du Maloti-Drakensberg, Afrique du Sud.
Témoins de toutes les époques, présents à l’échelle du globe, les sites d’art rupestre sont confrontés à des enjeux de gestion durable, alliant des volets de protection et des questions d’accessibilité. Dans les contextes post-coloniaux, ces enjeux d’accessibilité renvoient tant à la mise en tourisme de ces patrimoines qu’au maintien des possibilités d’accès pour les groupes sociaux ayant des pratiques coutumières en lien avec les sites d’art rupestre. L’enjeu est alors de développer des approches globales prenant en compte l’ensemble des pratiques associées aux sites d’art rupestre afin de penser des modes de gestion durable.
Suivant ce double objectif de gestion durable et d’approche globale, une équipe de recherche franco / sud-africaine pluridisciplinaire s’est appuyée sur la notion d’ « approche cosmopolitique » (terme combiné de cosmos « univers » et de politès « citoyen ») pour proposer une nouvelle manière d’aborder les usages et les valeurs attribuées aux sites d’art rupestre. Compte tenu du contexte multiculturel sud-africain, l’enjeu est ici de dépasser une approche par types d’acteurs pour identifier des points of cross-cultural interests, des registres transversaux à différents groupes d’acteurs qui sont autant de valeurs partagées sur lesquelles les gestionnaires peuvent s’appuyer pour penser des modes de gestion durable.
L’étude résulte de deux projets de recherche conduits dans le massif du Maloti-Drakensberg, Afrique du Sud (projet de recherche « Vulnerabilis », AAP HEREGO, finacements IRD 2012-2013 ; suivi du projet de recherche « Patrimonialisation, valorisation et management des sites d’art rupestre du massif du Maloti-Drakensberg (PaVaMa) », 2014 et 2017, financements IFAS, CNRS USR 3336/ UMIFRE 25). Sur la base d’un large corpus composé d’entretiens semi-directifs auprès des populations locales, des guides, des acteurs touristiques et des acteurs institutionnels en charge de la gestion des sites d’art rupestre du massif, une approche thématique a permis de faire ressortir six registres transversaux aux différents groupes d’acteurs. Si ces six registres sont spécifiques à l’étude de cas, l’étude précise en conclusion les possibilités de transfert de la démarche à d’autres régions où sont présents des sites d’art rupestre, voire à d’autres types de sites / d’espaces patrimonialisés.
Cette étude, publiée dans International Journal of Heritage Studies, contribue à l’actuel renouveau méthodologique sur l’analyse des valeurs patrimoniales et ouvre de nouvelles perspectives en matière de gestion durable des sites d’art rupestre.
Référence :
Duval M., Smith B., Hœrlé S., Bovet L., Bhengu L., Khumalo N., accepté, Towards a holistic approach to heritage values: for a multidisciplinary and cosmopolitan approach, International Journal of Heritage Studies.