Sur la piste des animaux de l’Arctique

Résultats scientifiques

Le changement climatique fait entrer l'Arctique dans un nouvel état écologique. Pour comprendre les conséquences des bouleversements que connaît cette région, un consortium de recherche international, comprenant des chercheurs du Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC - CNRS / Université de La Rochelle) et du laboratoire Littoral, Environnement et Sociétés (LIENSs – CNRS / Université de La Rochelle), a créé une base de données en ligne des mouvements des animaux de l’Arctique, suivis par balises électroniques depuis 1991. Cette archive concerne d’ores et déjà 8000 individus de 96 espèces. Une publication dans la revue Science souligne l’importance de cette source d’informations unique pour analyser l’impact des changements globaux sur la biodiversité à une échelle pan-arctique.

L’Arctique se réchauffe plus vite que toute autre zone de la planète et les espèces qui l’habitent vont devoir s’adapter ou disparaître. Les animaux de l’Arctique répondent souvent aux changements globaux en modifiant leurs déplacements et leurs distributions. Ces comportements ont lieu loin de nos yeux, dans les zones les plus inhospitalières de la planète, sur la banquise ou en haute mer. Fort heureusement, depuis trois décennies, des balises électroniques posées sur les animaux permettent de suivre à distance ces déplacements, de quelques mètres à des dizaines de milliers de kilomètres et tout au long de leur cycle de vie. Ces recherches ont progressé très rapidement, mais sans que les informations recueillies ne soient rassemblées au sein d’une base de données unique, accessible à toute la communauté scientifique.

+ de 200 études scientifiques
+ de 15 millions de positions animales
8000 individus de 96 espèces arctiques concernées

Grâce aux efforts d’un consortium international mené par la Ohio State University (USA) et la société Max Planck (Allemagne), auquel participent des chercheurs du Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC – CNRS / Université de La Rochelle) et du laboratoire Littoral, Environnement et Sociétés (LIENSs – CNRS / Université de La Rochelle), une base de données regroupant toutes ces informations existe maintenant. L’archive électronique AAMA (Arctic Animal Movement Archive) regroupe d’ores et déjà les données de plus de 200 études scientifiques, avec plus de 15 millions de positions animales concernant 8000 individus de 96 espèces arctiques. Parmi elles, les chercheurs ont étudié aussi bien des espèces marines que terrestres, de la gigantesque baleine du Groenland au minuscule plectrophane des neiges.

Lâcher d’un petit mergule équipé d’un géolocateur, Groenland Août 2016.
Lâcher d’un petit mergule équipé d’un géolocateur, Groenland Août 2016.
© David Grémillet

Cette archive, exceptionnelle par sa couverture géographique et la première de ce genre centrée sur l’Arctique, permet des avancées scientifiques impossibles il y a quelques décennies. Ainsi, les chercheurs CNRS qui cosignent l’étude (David Grémillet, CEBC et Jérôme Fort, LIENSs) ont pu suivre les mouvements migratoires des oiseaux marins tout au long de l’hiver en Atlantique nord. Leur programme de recherche au Groenland, soutenu par l’Institut Polaire Français Paul-Emile Victor, est une contribution essentielle à AAMA car les données sont peu nombreuses pour cette région de l’Arctique. Notamment, les chercheurs ont étudié les mouvements migratoires des mergules nains, un des plus petits (150 g) mais le plus nombreux (plus de 40 millions) des oiseaux marins en Atlantique nord. En équipant les oiseaux de géolocateurs de un gramme, l’équipe a montré que les mergules nains parcourent 10 000 km en mer entre deux saisons de reproduction au Groenland, pour aller passer les mois d’hiver au large de Terre Neuve. Leurs données électroniques collectées sur plus d’une décennie illustrent les étonnantes adaptations des mergules du Groenland au réchauffement de l’Atlantique nord, modifiant par exemple leur comportement et leur distribution afin de suivre les zones d’alimentation les plus profitables.

Les objectifs de développement durable

odd

  • ODD 1 : Pas de pauvreté
  • ODD 2 : Faim « zéro »
  • ODD 3 : Bonne santé et bien-être
  • ODD 12 : Consommation et production durables
  • ODD 13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques
  • ODD 14 : Vie aquatique
  • ODD 15 : Vie terrestre

Références

  • Davidson et al. (2020) Ecological insights from three decades of animal movement tracking across a changing Arctic. Science. DOI: 10.1126/science.abb7080

 

Contact

David Grémillet
Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC - CNRS/Univ. La Rochelle)
Jérôme Fort
Littoral, Environnement et Sociétés (LIENSs - CNRS / Université de La Rochelle)
Bruno Michaud
Communication -Centre d'études biologiques de Chizé (CEBC - CNRS/La Rochelle Université)
Armelle Combaud
Communication - Littoral, Environnement et Sociétés (LIENSs - CNRS / La Rochelle Université)