Les solutions fondées sur la nature : un investissement rentable pour les Alpes et au-delà

Résultats scientifiques

Une étude publiée dans la revue Cell Reports Sustainability, impliquant plusieurs institutions et unités de recherche grenobloises et parisiennes, évalue les bénéfices des solutions fondées sur la nature (SFN) à travers 83 actions concrètes menées dans les Alpes. Cette analyse révèle que ces initiatives offrent un retour sur investissement de 2,8 euros pour un euro investi, en mettant en lumière les bénéfices rendus par la préservation ou le rétablissement de la biodiversité, à travers des services écosystémiques. Ces résultats soulignent l'intérêt d'une planification intégrée des SFN qui maximise les co-bénéfices, tant pour la nature que pour les humains.

En résumé

  • Les solutions fondées sur la nature (SFN) dans les Alpes génèrent un retour sur investissement de 2,8 euros pour chaque euro investi, avec des bénéfices supérieurs aux coûts des diverses actions mises en place. 

  • Les stratégies mono-service risquent de manquer l’ensemble des co-bénéfices des SFN

  • Une planification intégrée permet de maximiser les bénéfices tant pour les écosystèmes que pour les sociétés humaines.

Face aux défis du changement climatique et de l'érosion de la biodiversité, les solutions fondées sur la nature (SFN) gagnent en popularité. Ces approches s’appuient sur les écosystèmes pour répondre à des enjeux sociétaux, et promettent des bénéfices multiples. 
Mais quelle est leur efficacité réelle et leur rentabilité économique ? Qui bénéficie concrètement des services rendus par ces solutions, et dans quelle mesure ces services s'améliorent après leur mise en place ? 

Des chercheurs de plusieurs laboratoires ont analysé 83 actions de SFN mises en œuvre dans les Alpes afin d’évaluer leurs bénéfices sur la biodiversité et les services écosystémiques. Parmi ces derniers, certains s’avèrent cruciaux pour la région, tels que l'atténuation des vagues de chaleur, la régulation des inondations, le stockage de carbone et la protection contre les glissements de terrain. Les co-bénéfices pour la biodiversité ont également été analysés, un aspect essentiel pour saisir la valeur globale de ces solutions face à l'érosion du vivant, bien que cette perspective n'ait pas été intégrée dans l'évaluation économique directe (la valeur patrimoniale de la biodiversité demeurant difficile à évaluer).

Les résultats se révèlent éloquents : globalement, les SFN dans les Alpes génèrent au minimum 2,8 euros de bénéfices pour chaque euro investi. Ce chiffre démontre que loin d'être une simple dépense, l'investissement dans la nature est un placement potentiellement très rentable pour la région. Ce ratio de 2.8/1 s’avère une estimation prudente, l'étude se concentrant sur un ensemble de services écosystémiques spécifiques. Une analyse plus exhaustive, prenant en compte un éventail plus large de bénéfices, révélerait sans doute une valeur supérieure.

Ce travail met en lumière les variations de rentabilité selon le type de SFN. Par exemple, la restauration de forêts se montre particulièrement efficace pour la régulation du climat et la protection contre les glissements de terrain, tandis que la restauration de rivières et de zones humides se révèle bénéfique pour la biodiversité et la régulation des inondations. Les espaces verts urbains, bien que moins performants pour la biodiversité à grande échelle, offrent des bénéfices directs et importants pour les populations urbaines, notamment sur la réduction des îlots de chaleur et l'amélioration de la qualité de vie.

Par ailleurs, l’adoption d’une approche intégrée à l'échelle du paysage s’avère nécessaire pour la planification des SFN. En effet, privilégier une seule solution ou un seul service écosystémique risque de réduire les co-bénéfices et de limiter l'efficacité globale des actions. Une combinaison intelligente de différents types de SFN, adaptée aux spécificités du territoire et aux enjeux locaux, permet de maximiser les bénéfices pour la nature et les sociétés.

Enfin, l’étude souligne l’importance d’intégrer la biodiversité dans la conception et la mise en œuvre de ces solutions. Si toutes les actions analysées ont un impact positif sur l'environnement, certaines sont axées uniquement sur la performance économique à court terme et risquent de négliger la biodiversité à long terme. Il est donc essentiel de privilégier des solutions qui favorisent la diversité des espèces et des habitats, garantissant ainsi une plus grande résilience des écosystèmes.

Ces travaux encouragent donc à investir davantage dans les SFN, en intégrant une planification stratégique afin d’optimiser leurs co-bénéfices. Les Alpes, avec leurs projets innovants, servent de modèle pour d'autres régions du monde confrontées aux défis du changement climatique et de la perte de biodiversité.

 

grahical abstract
Représentation graphique du protocole, incluant la base de données, la typologie de ces solutions, l’analyse approfondie d'images aériennes, l'évaluation des services écosystémiques et de la biodiversité, et l'analyse subséquente des bénéficiaires et du rapport coût-bénéfice.

 

figure2
Relations entre les écosystèmes, la typologie des SFN et la fourniture des divers services écosystémiques analysés.

 

Laboratoires CNRS impliqués

  • Laboratoire d’écologie alpine (LECA - Univ Savoie Mont Blanc/CNRS/Univ Grenoble Alpes)
  • Ecologie, systématique et évolution (ESE - CNRS/Univ Paris Sud/AgroParisTech)
  • Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED, CNRS/École des Ponts/AgroParisTech/Cirad)

Référence de la publication 

González-García, A., Palomo, I., Codemo, A., Rodeghiero, M., Dubo, T., Vallet, A., & Lavorel, S. (2023). Co-benefits of nature-based solutions exceed the costs of implementation. Research Square (Research Square). Publié le 25 février 2025.

Contact

Alberto González-García
Laboratoire d’Ecologie Alpine (LECA - CNRS / UGA / USMB)