Les plastiques, une réelle menace pour les coraux des grandes profondeurs
Les macro et microplastiques sont reconnus comme une menace importante pour les océans actuels. Cependant, leur impact sur la biodiversité marine est encore mal connu. Une étude publiée dans la revue Scientific Reports par une équipe de du LECOB et du LOMIC de l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-mer, ainsi que de l’Institut Alfred Wegener (Brême, Allemagne), montre pour la première fois les conséquences de pollutions plastiques sur la croissance et le comportement d’espèces profondes.
S’ils sont exposés aux plastiques, les récifs de coraux profonds peuvent être très vulnérables aux contaminations par les plastiques. C’est ce que vient de démontrer une équipe interdisciplinaire de l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-mer (LECOB UMR 8222 et LOMIC UMR 7621, Sorbonne Université, CNRS) et de l’Institut Alfred Wegener de Brême en Allemagne. Ces travaux, réalisés lors d’expériences en aquariums, ont en effet révélés que la croissance de l’espèce de corail Lophelia pertusa, organisme emblématique de l’océan profond, est altérée par la présence de plastiques.
Les macro-déchets de type sacs en plastique, produisent un effet barrière qui limite l’accessibilité à la nourriture et contraignent le corail à augmenter l’activité de ses tentacules pour la capture de proies, réduisant ainsi l’énergie investie pour la croissance.
Plus inquiétant, les plastiques sous formes fragmentées, appelés aussi microplastiques, provoquent une forte réduction de la croissance du corail. S’il ne modifie pas le comportement ou l’alimentation du corail, cet effet pourrait concerner des dommages physiques internes ou une altération du stockage d’énergie.
Ces résultats, publiés dans la revue Scientific Reports, étendent les connaissances sur l’effet des rejets de plastiques en mer et en particulier sur l’impact des microplastiques. Comme les habitats coralliens de surface, les récifs de coraux profonds servent d’abris pour une riche biodiversité d’animaux, notamment pour des espèces patrimoniales et commerciales. L’effet négatif sur la croissance observé par les chercheurs pourrait avoir des conséquences dramatiques pour le maintien de la biodiversité marine, particulièrement fragile dans les grands fonds marins.
Ces travaux ont été financés par la Fondation Rovaltain (projet PLAISCOOL) et les coraux ont pu être collectés grâce à la Chaire Fondation TOTAL – UPMC ‘Biodiversité, environnement marin extrême et changement global’.
Référence
Chapron L., Peru E., Engler A., Ghiglione J.F., Meistertzheim A.L., Pruski A., Purser A., Vétion G., Galand P., Lartaud F. Macro- and microplastics affect cold-water corals growth, feeding and behaviour. Scientific Reports.17 octobre 2018.
Contact chercheur
Franck LARTAUD
Laboratoire d'Ecogéochimie des Environnements Benthiques (LECOB), Observatoire Océanologique de Banyuls (Sorbonne-Université / CNRS)
franck.lartaud@obs-banyuls.fr