Les bactéries inactives naturellement présentes dans les sols contribuent à la résilience des fonctions microbiennes essentielles après un incendie
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Une nouvelle étude menée par des chercheurs du CNRS et de la Michigan State University a mis en lumière les mécanismes remarquables de résilience et de récupération des microbiomes du sol après un incendie dans une veine de charbon souterraine. Publiés dans la revue scientifique Ecology Letters, les résultats fournissent des informations originales sur la dynamique des communautés bactériennes dans les sols affectés par le feu.
L'étude s'est appuyée sur des suivis à long terme du microbiome du sol pour analyser les effets de la perturbation thermique causée par l'incendie de la veine de charbon de Centralia (Pennsylvanie, États-Unis). Les chercheurs ont observé une réduction progressive de l'intensité des perturbations au fil des ans, accompagnée de changements dans les conditions environnementales, tels que le refroidissement des sites touchés par le feu.
L'une des principales conclusions de l'étude est la résilience manifeste des communautés bactériennes malgré les défis environnementaux posés par l'incendie de la veine de charbon. Grâce à une analyse complète de la diversité microbienne, éclairée par le séquençage à haut débit de l'ADN purifié du sol, les scientifiques ont démontré que ces communautés avaient une grande capacité de résilience, même après une perturbation aussi inhabituelle et intense.
Le Dr Shade a déclaré : "Notre étude met en évidence la résilience des microbiomes du sol face à des facteurs de stress à long terme, ce qu'il est essentiel de comprendre compte tenu de la crise climatique. Beaucoup de gens ne réalisent pas qu'un nombre incroyable de microbes du sol ne sont tout simplement pas actifs. C'est un point important car les microbes actifs sont ceux qui contribuent aux fonctions de l'écosystème. Notre étude s'attache à comprendre comment les différents types de microbes s'activent ou s'inactivent tout au long de la perturbation et ce que cette dynamique signifie pour le processus global de rétablissement".
Ainsi, les microorganismes dormants ont contribué à reconstituer la diversité bactérienne dans les sols impactés par le feu au cours de la phase initiale de rétablissement et ont pu se réactiver ultérieurement pour en restaurer les fonctions.
L'étude représente une contribution importante aux domaines de l'écologie microbienne et des sciences de l'environnement car elle permet de mieux comprendre la résilience des microbiomes du sol face à des perturbations de grande ampleur. L'équipe de recherche espère que ces résultats contribueront plus largement à l'élaboration de stratégies efficaces de restauration du microbiome dans les écosystèmes touchés par le changement climatique et d'autres activités anthropiques.
Référence de la publication
Barnett, S. E. et Shade, A. Arrive and wait : Inactive bacterial taxa contribute to perceived soil microbiome resilience after a multidecadal press disturbance. Ecology Letters, publié le 2 mars 2024.
Laboratoire CNRS impliqué
Écologie Microbienne (LEM - CNRS/INRAE/Univ. Claude Bernard)