Vue aérienne de l’Ecotron de Montpellier, avec la plateforme Macrocosmes à gauche et la plateforme Mésocosmes à droite. Une troisième plateforme se trouve dans le bâtiment central. © CNRS, Ecotron Montpellier

Le développement international des Ecotrons, nouvelles infrastructures expérimentales pour l’écologie, l’agronomie et les sciences environnementales

Résultats scientifiques

L’impact des changements globaux sur les écosystèmes et les services que rendent ceux-ci à la société est croissant. Atténuer ces changements globaux et s’y adapter requiert notamment une connaissance approfondie du fonctionnement des écosystèmes, en particulier dans les conditions environnementales du futur. Cette connaissance est largement dépendante de nos capacités à expérimenter et modéliser ce fonctionnement futur. Des infrastructures de recherche sont développées, notamment des écotrons, véritables analyseurs du fonctionnement des écosystèmes sous diverses conditions environnementales. Une revue des caractéristiques et potentialités des écotrons récemment construits au niveau international a été publiée dans la revue Global Change Biology le 3 décembre 2020.

Un écotron est un ensemble d’enceintes recevant de larges échantillons d’écosystèmes permettant simultanément de simuler une large gamme de conditions environnementales au niveau de la canopée et du sol et de mesurer automatiquement le fonctionnement des écosystèmes, en particulier les flux de gaz et d’énergie. Les écotrons sont de construction récente pour la plupart (10 ont été construits ou sont en construction, principalement en Europe, depuis 2010) et le CNRS, avec les écotrons de Montpellier et de l’Ile-de-France, a joué un rôle de leader dans leur développement. Très instrumentés, avec du personnel à forte technicité, et avec un mode de fonctionnement ouvert à de larges consortiums de recherche nationaux et internationaux, les écotrons s’apparentent, bien qu’à un degré moindre, aux grandes infrastructures de recherches développées dans d’autres disciplines (physique, astronomie …).

Vue aérienne du bâtiment de l'Ecotron IleDeFrance et de la terrasse d'accueil des chambres climatiques de cet Ecotron.
Vue aérienne du bâtiment de l'Ecotron IleDeFrance et de la terrasse d'accueil des chambres climatiques de cet Ecotron.  
© CNRS, CEREEP-Ecotron IleDeFrance.

Par rapport aux équipements classiques de conditionnement environnemental (serres, chambres de culture), les écotrons fournissent des simulations d’environnement non seulement étendues, mais très réalistes :  l’intensité du rayonnement journalier, son spectre, le rapport entre rayonnement et température, les gradients de tension de l’eau et de température dans le sol, sont très proches des conditions in natura. La taille des échantillons d’écosystèmes étudiés (plusieurs tonnes en moyenne), souvent prélevés intacts in situ, diminue les effets de bord et permet de conserver une grande complexité physique et biologique. Les enceintes de la plupart des écotrons fonctionnent comme de grands systèmes de mesure des échanges gazeux. Equipés d’analyseurs lasers de dernière génération, non seulement les échanges de nombreux gaz (CO2, N2O, CH4, H2O, O3, NOx, VOCs) sont mesurés, mais aussi un certain nombre de leurs isotopes, donnant accès à la compréhension du fonctionnement physique et biologique des écosystèmes. Certains écotrons développent des mesures plus spécifiques, par exemple de la faune du sol par radio fréquence.

Chercheuse en train de prélever des échantillons liquides dans une colonne de sol avec différentes végétations dans une des enceintes de conditionnement environnemental.
Chercheuse en train de prélever des échantillons liquides dans une colonne de sol avec différentes végétations dans une des enceintes de conditionnement environnemental.
© CNRS, CEREEP-Ecotron IleDeFrance.

Une grande diversité de projets de recherche est conduite dans les écotrons. La moitié concerne l’impact des changements climatiques et atmosphériques, un quart l’impact d’une perte de biodiversité et un quart analyse d’une façon fondamentale la physiologie des écosystèmes. Des exemples de résultats de ces recherches sont donnés. La publication dans Global Change Biology décrit aussi les perspectives de développement à venir des écotrons, notamment la nécessité d’une plus forte inclusion d’un volet modélisation dans les expérimentations conduites et le renforcement de la complémentarité entre ces expérimentions en écotrons, celles réalisées in situ et les observations in natura à long terme sur les écosystèmes. Le développement de l’ensemble de ces approches est crucial pour mieux assurer notre futur sur cette planète.

Insertion d’échantillons intacts d’un écosystème prairial dans un macrocosme pour conditionnement (évènements climatiques extrêmes) et mesure du bilan carbone.
Insertion d’échantillons intacts d’un écosystème prairial dans un macrocosme pour conditionnement (évènements climatiques extrêmes) et mesure du bilan carbone.
© Photothèque CNRS, H. Raguet

 

Les objectifs développement durable

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  • ODD 13 : Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques

Les expérimentations dans les écotrons visent à déterminer le fonctionnement des écosystèmes notamment sous les conditions climatiques futures afin de mieux le modéliser. Des tests de mesures de mitigation et d’adaptation peuvent aussi y être conduites.

Références

Ecotrons: powerful and versatile ecosystem analysers for ecology, agronomy and environmental science

Jacques Roy, François Rineau, Hans J. De Boeck, Ivan Nijs, Thomas Pütz, Samuel Abiven, John A. Arnone III, Craig V.M. Barton, Natalie Beenaerts, Nicolas Brüggemann, Matteo Dainese, Timo Domisch, Nico Eisenhauer, Sarah Garré, Alban Gebler, Andrea Ghirardo, Richard L. Jasoni, George Kowalchuk, Damien Landais, Stuart H. Larsen, Vincent Leemans, Jean‐François Le Galliard, Bernard Longdoz, Florent Massol, Teis N. Mikkelsen, Georg Niedrist, Clément Piel, Olivier Ravel, Joana Sauze, Anja Schmidt, Jörg‐Peter Schnitzler, Leonardo H. Teixeira, Mark G. Tjoelker, Wolfgang W. Weisser, J. Barbro Winkler, Alexandru Milcu

First Published: 03 December 2020

https://doi.org/10.1111/gcb.15471

Contact

Jacques Roy
Ecotron Européen de Montpellier (CNRS)
Ionut Alexandru Milcu
Directeur Ecotron Européen de Montpellier (CNRS)