La richesse spécifique des abeilles sauvages et des bourdons continue de décliner

Résultats scientifiques écologie évolutive & Biodiversité

La conservation de la diversité des espèces de pollinisateurs pourrait être cruciale pour tamponner les changements des écosystèmes engendrés par le changement climatique. Afin d'évaluer l'état de cette diversité, Tom Van Dooren, de l'Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris (IEES - CNRS / Sorbonne Université / Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne / INRA / IRD / Université Paris Diderot), a analysé 73 années de données sur la richesse spécifique des abeilles présentes aux Pays-Bas. Son constat : le nombre d'espèces de bourdons a diminué d'environ vingt pour cent. Pour les autres espèces d’abeilles sauvages, les déclins sont inférieurs à ce chiffre.

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Anothophora bimaculata, une abeille sauvage présente aux Pays-Bas. © Ivar Leidus, commons.wikimedia.org


Le Rapport d’évaluation sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire (IPBES, résumé à l’intention des décideurs) explique que "dans certains pays européens, les tendances à la baisse concernant la diversité des insectes pollinisateurs se sont ralenties ou même arrêtées" (IPBES 2016). Il s’agit là d’une déclaration importante qui pourrait avoir des conséquences sérieuses, car elle peut être interprétée comme une preuve que les efforts actuels de conservation de la diversité portent leurs fruits. Cette déclaration s'appuie sur une seule étude.


Tom Van Dooren (2016), chargé de recherche au CNRS au sein de l'Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris (IEES - CNRS / Sorbonne Université / Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne / INRA / IRD / Université Paris Diderot), a examiné les analyses réalisées dans cette étude. Son constat : il est nécessaire d'en revoir la conclusion, et les données sur les abeilles et les bourdons des Pays-Bas devraient être réanalysées, démarche qu'il a menée en détail et avec différentes méthodes (Van Dooren 2019).


La conclusion de cette nouvelle analyse est qu'il n'y a aucune preuve d'un ralentissement de la perte de diversité des pollinisateurs. Pour les bourdons, l'une des méthodes détecte une réduction significative de 19 % du nombre d'espèces présentes aux Pays-Bas en 2018 par rapport à 1945. Pour d'autres espèces d'abeilles sauvages, le déclin estimé est plus faible et pour l'instant statistiquement non significatif. Pour être prudents en termes de mesures de conservation, Tom Van Dooren recommande de considérer comme réel ce déclin de 5 à 10 % du nombre d'espèces présentes.

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