La perte d'habitat peut déstabiliser les écosystèmes
La perte d'habitat affecte les espèces et leurs interactions, modifiant la dynamique des communautés. Un défi pour l'écologie des communautés est de comprendre comment les écosystèmes avec de multiples types d'interactions réagissent à la perte d’habitats, avant même l'extinction des espèces. Une étude internationale impliquant des chercheurs CNRS de la Station d’écologie théorique et expérimentale (SETE – CNRS/Univ Toulouse III Paul Sabatier) montre que la manière dont les activités humaines détruisent l’habitat de la biodiversité est un facteur clé pour comprendre les effets de cette perte sur la stabilité et le fonctionnement des communautés biologiques. Ce travail publié dans Nature Communication interroge le fait de se focaliser uniquement sur la diversité des espèces, ce qui peut amener à négliger d’autres aspects liés aux réponses des communautés biologiques.
Une nouvelle étude internationale, liée aux recherches récentes explorant les changements de la diversité locale à la suite du changement global, impliquant des chercheurs CNRS de la Station d’écologie théorique et expérimentale (SETE – CNRS/Univ Toulouse III Paul Sabatier) montre les conséquences de la perte d'habitats naturels sur la biodiversité. L'étude suggère que les communautés biologiques réagissent à la destruction de leurs habitats avant même l'extinction des espèces. Elle montre que la manière dont les activités humaines détruisent l'habitat de la biodiversité est un facteur clé pour comprendre les effets de cette perte sur la stabilité et le fonctionnement des communautés biologiques.
L'étude, qui a été publiée le 24 mai dans la revue scientifique Nature Communications, pose la question de savoir si le fait de se focaliser uniquement sur la diversité des espèces peut amener à négliger d'autres aspects liés aux réponses des communautés biologiques. Selon Daniel Montoya, chercheur à la Station d'écologie théorique et expérimentale de Moulis (SETE – CNRS/Univ Toulouse III Paul Sabatier) et responsable de cette étude : « les actions humaines défient la nature de nombreuses manières. Les écologistes et les praticiens ont tendance à évaluer l'impact des activités humaines sur la biodiversité en mesurant les taux d'extinction des espèces. Cependant, la biodiversité comprend des éléments autres qu'une seule espèce, tels que les interactions entre les espèces et leur stabilité dans le temps et dans l'espace.” Or ces propriétés supplémentaires, parfois négligées, sont essentielles au fonctionnement des écosystèmes. Ils sont la composante manquante de la perte de biodiversité qui accompagne ou précède les extinctions d'espèces.
Bien que des modifications de la biodiversité autres que les extinctions d’espèces aient déjà été signalées, les auteurs de cette étude ne s’attendaient pas aux changements importants que la perte d’habitat impose à la stabilité des communautés naturelles. Les résultats corroborent les résultats théoriques et empiriques qui montrent que les interactions entre les espèces sont perdues plus rapidement que les espèces elles-mêmes. En outre, l’étude suggère que la perte d'habitat affecte la stabilité des communautés biologiques, c'est-à-dire la variabilité temporelle et spatiale des biomasses de population. L'ampleur de ces réponses est influencée par la manière dont les espèces fortes interagissent les unes avec les autres dans l'habitat restant.
Cette étude a également révélé que la perte d'habitat était essentielle pour la réponse de la biodiversité. Daniel Montoya précise que « les habitats naturels peuvent être détruits de manière aléatoire ou groupée - par exemple, par la construction d'une route ou la création de nouvelles zones urbaines. La configuration spatiale de cette perte limite de manière différenciée la mobilité des animaux individuels, ce qui a un impact supplémentaire sur la biodiversité et la stabilité des populations dans les fragments restants d'habitat intact ». Une question logique se pose à présent : comment l’habitat est-il détruit dans de véritables paysages du monde entier ? Cela dépend de l'échelle spatiale que les chercheurs examinent. Pour cela, plusieurs scénarios de perte d'habitat sont explorés et les résultats suggèrent que les réponses des communautés sont approximativement graduelles et prévisibles en fonction du degré d'autocorrélation spatiale de l'habitat perdu.
Enfin, l’étude soulève une autre question : comment ces résultats peuvent-ils contribuer à éclairer la science environnementale et l’élaboration de politiques publiques ? Daniel Montoya suggère que « les efforts de conservation qui visent à atténuer les effets de la perte d'habitats naturels seraient bénéfiques par plusieurs aspects à la structure, à la stabilité des communautés, et à la persistance des espèces.
Référence
McWilliams C, Lurgi M, Montoya JM, Sauve A Montoya D. The stability of multitrophic communities under habitat loss. 2019 May 24;Nat Commun