Céline Bellard : face aux changements globaux qui menacent les espèces

Distinctions

Depuis le laboratoire ESE (CNRS/Université Paris-Saclay/Agroparistech), Céline Bellard étudie les pertes de biodiversité, notamment d’oiseaux en milieux insulaires, grâce à de grands jeux de données. La chercheuse a reçu cette année la médaille de bronze du CNRS.

Les espèces ne sont généralement pas menacées par des phénomènes lents et graduels, mais plutôt par des changements brusques dans leur environnement, comme les invasions biologiques ou la perte d’habitat. Chargée de recherche au laboratoire Écologie, systématique et évolution (ESE, CNRS/Université Paris-Saclay/Agroparistech), Céline Bellard étudie ces cas d’un point de vue macro-écologique, c’est-à-dire à l’échelle de nombreuses populations à la fois, avec un accent sur les oiseaux et les milieux insulaires. Ses travaux sont régulièrement repris dans des rapports internationaux, comme ceux du GIEC et de l’IPBES, et aident à établir des priorités de conservation d’espèces vulnérables.

« Je mène ces travaux sur de grands jeux de données, comprenant des centaines, voire des milliers, d’îles, précise Céline Bellard. L’idée est de ne plus se contenter de regarder le nombre d’espèces dont les effectifs baissent à un instant t, mais de prendre également en compte leurs caractéristiques écologiques tels que leur capacité de mobilité, leur alimentation ou leurs lieux de nichage, ainsi que les conséquences de leur disparition pour les communautés. »

Céline Bellard étudie notamment la diversité fonctionnelle des espèces, c’est-à-dire leur rôle au sein des écosystème. Toutes les populations n’impacteraient en effet pas de la même manière leur environnement si elles venaient à disparaître. La chercheuse s’intéresse particulièrement aux invasions biologiques, liées à 60 % des extinctions mondiales d’espèces et à 40 % de la perte de diversité fonctionnelle des oiseaux. Elles sont surtout dues aux rats et aux chats, mais aussi des plantes comme Miconia calvescens, qualifiée de cancer vert en Polynésie et qui menace de nombreuses espèces de plantes locales. Céline Bellard modélise et analyse de grands jeux de données pour tester différents scénarios d’extinction, en fonction par exemple de l’ampleur du changement climatique.

Passionnée depuis l’école par la biologie, Céline Bellard a découvert le monde de la recherche lors de stages universitaires. « J’ai rapidement adhéré à cette façon de travailler où l’on dispose d’une liberté totale pour répondre à une question, explique-t-elle. Trouver le bon jeu de données et la bonne approche, c’est qui m’a d’abord intéressée. Puis la crise écologique m’a amenée à m’impliquer de plus en plus sur des enjeux de biodiversité. »