Capital animal : mieux définir les relations humains-animaux dans un contexte de changement global et d’insécurité alimentaire.

Résultats scientifiques écologie évolutive & Biodiversité
  • Le concept du "capital animal" montre que les animaux offrent des contributions sociales, naturelles, et culturelles vitales pour la durabilité.

  • La protection des écosystèmes et du bien-être animal est essentielle pour lutter contre l'insécurité alimentaire et les changements climatiques.

  • Le concept de "capital animal" propose une approche multidimensionnelle qui dépasse l'exploitation matérielle des animaux.

Dans cet article publié dans npj Sustainable Agriculture, un écologue, un philosophe et un économiste introduisent le concept de "capital animal", une approche novatrice pour reconnaître les contributions matérielles, sociales, naturelles et culturelles des animaux non humains. Ce cadre propose des solutions pour répondre aux défis actuels liés à la sécurité alimentaire, la biodiversité et le changement climatique. Il ouvre de nouvelles perspectives pour la protection et la valorisation des animaux.

L’article publié dans npj Sustainable Agriculture présente une approche innovante pour reconsidérer le rôle des animaux dans nos sociétés, en introduisant le concept de "capital animal". Ce concept propose une vision plus globale et multidimensionnelle du rôle des animaux, en contraste avec l'approche traditionnelle qui tend à les réduire à de simples ressources matérielles utilisées principalement pour l'alimentation ou l'industrie. Les auteurs estiment que cette vision réductrice ignore la complexité et la diversité des interactions que les animaux entretiennent avec l’environnement et les sociétés humaines. C’est pourquoi ils ont élaboré un cadre théorique permettant d’intégrer quatre types de capital animal : matériel, social, naturel et culturel.

Le capital matériel correspond aux bénéfices tangibles que les humains tirent des animaux, tels que la nourriture, les vêtements ou les matières premières. Historiquement, cette dimension a été prédominante, surtout dans l’agriculture et l’élevage. Cependant, les auteurs mettent en avant des innovations comme la viande cultivée en laboratoire, qui apportent aujourd’hui une alternative prometteuse à l’exploitation animale intensive. Ces innovations réduisent l’impact environnemental et répondent aux préoccupations éthiques liées à la souffrance animale. Elles montrent comment le capital matériel peut évoluer pour s’adapter aux enjeux contemporains.

Le capital social, selon les auteurs, met en lumière le rôle des animaux dans le renforcement des interactions sociales et du bien-être humain. Les animaux domestiques jouent un rôle essentiel dans l'amélioration de la santé mentale et physique de leurs propriétaires. Les auteurs soulignent que des études montrent que les animaux de compagnie peuvent aider à réduire le stress, l’anxiété, et même encourager une meilleure santé cardiovasculaire. Ils facilitent également les interactions sociales et peuvent contribuer à la réhabilitation des personnes isolées. Les bénéfices de la présence animale vont donc bien au-delà de leur utilité matérielle, s’étendant à des dimensions émotionnelles et sociales.

Le capital naturel fait référence, d’après les auteurs, à la contribution des animaux à la préservation des écosystèmes et à la lutte contre les changements climatiques. Par exemple, les éléphants et les baleines jouent un rôle majeur dans le cycle du carbone, aidant à stocker d’importantes quantités de carbone dans leurs écosystèmes respectifs. Pourtant, ces services écosystémiques fournis par les animaux sont souvent sous-estimés et peu pris en compte dans les politiques environnementales actuelles. En valorisant ces contributions naturelles, les auteurs insistent sur la nécessité de protéger les habitats naturels et les espèces animales pour maintenir l'équilibre écologique global.

 

Le capital animal est composé du capital matériel, social, naturel et culture et bénéficie à l’ensemble des objectifs de développement durable définis par les Nations Unis.
Figure 1 : Le capital animal est composé du capital matériel, social, naturel et culture et bénéficie à l’ensemble des objectifs de développement durable définis par les Nations Unis.

 

Le capital culturel, selon les auteurs, englobe les savoirs, traditions et comportements spécifiques des animaux, qui ont un impact direct sur les sociétés humaines. Certaines cultures animales, comme les traditions alimentaires observées chez les primates, peuvent servir d’inspiration pour les innovations humaines en matière de nutrition et de médecine. De plus, la reconnaissance des cultures animales par l’UNESCO, comme celles des grands singes, témoigne de l’importance de préserver ces comportements uniques qui enrichissent notre compréhension de la nature et de nous-mêmes.

Les auteurs estiment que l’objectif principal de leur cadre est d’encourager une évolution des politiques publiques et des pratiques vers une meilleure reconnaissance de la valeur intrinsèque des animaux. Ce concept ne se limite pas à leur rôle utilitaire dans la production matérielle, mais inclut leur contribution au bien-être social, à la préservation environnementale et à l’enrichissement culturel. En redéfinissant le rôle des animaux de cette manière, les auteurs espèrent inspirer des politiques plus équilibrées et durables, qui prennent en compte la complexité des interactions humain-animal.

Dans un contexte marqué par des crises écologiques et alimentaires mondiales, adopter une approche aussi complète et intégrative que celle du capital animal peut, selon les auteurs, fournir des outils essentiels pour répondre aux défis contemporains. En combinant les différentes dimensions de ce capital, leur cadre contribue directement aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, en particulier ceux liés à la lutte contre la pauvreté, à la sécurité alimentaire, à la protection de l’environnement et à la promotion d’une coexistence harmonieuse entre les espèces.

 

Référence de la publication

Sueur C, Fourneret E, Espinosa R. 2024. Animal capital: a new way to define human-animal bond in view of global changes and food insecurity. Npj Sustainable Agriculture, publié le 6 novembre 2024. 

Laboratoire CNRS impliqué

Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC – CNRS/Univ. Strasbourg)

Contact

Cédric Sueur
Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC-CNRS/Univ Strasbourg)
Nicolas Busser
Correspondant communication - Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC-CNRS/Univ Strasbourg)