Massacre à l’Age du Fer

Résultats scientifiques

Les exemples de violences interpersonnelles dans les contextes pré- et protohistoriques européens sont rares. Dans le cadre d’un programme de recherche soutenue par la British Academy Newton International Fellowship, Teresa Fernández-Crespo, du Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique (LAMPEA), et son équipe de l’Université d’Oxford (Royaume Uni), d’Arkikus et de l’Institut d’Archéologie d’Álava (Espagne) viennent de publier une étude ostéologique et archéologique détaillée dans la revue Antiquity. Ils y relatent le degré de violence des affrontements (meurtres, incendies) entre des communautés locales du nord de la péninsule ibérique au cours de l’Age du Fer entre 350 et 200 avant notre ère.

Entre la moitié du IVe et la fin du IIIe siècle avant notre ère (Age du Fer), de violents affrontements et des incendies ont eu lieu sur le site de La Hoya dans le nord de la péninsule ibérique. Suite à cet épisode, le village est resté à l’abandon, laissant ainsi un témoignage unique des conflits d’un autre temps.

Les premières fouilles réalisées sur le site en 1973 avaient déjà mis au jour des indices de morts violentes et de nombreux feux, toutefois la nature et l’importance des attaques n’étaient pas encore connues. La Dr Teresa Fernández-Crespo, du Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique (LAMPEA – CNRS / Aix-Marseille Université / Ministère de la Culture), a réalisé une étude ostéologique détaillée sur 13 individus en collaboration avec des archéologues espagnoles et du Royaume Uni. Ce travail a été publié dans la revue Antiquity.

Décapitations, amputations et autres blessures létales ont été documentées par une analyse macroscopique des lésions. Le profil des victimes identifiées : hommes, femmes et enfants, les traces d’abandon d’activités domestiques et l’étendu des dégâts sur une grande surface du site indiquent qu’il s’agit bien d’un épisode de massacre et d’une intrusion soudaine et rapide. Au fur et à mesure des fouilles, les corps sont découverts gisant sur le sol, dans des attitudes ne laissant aucun doute sur le fait qu’aucun survivant ne soit retourné sur le lieu pour prendre soin des défunts ou pour récupérer des objets. L’étude archéologique suggère ainsi que les habitants ont tous été tués, kidnappés ou ont fui et que l’attaque fut un acte bien plus violent qu’un simple pillage.

Vue aérienne du village de l’Age du Fer de La Hoya
Vue aérienne du village de l’Age du Fer de La Hoya (Laguardia, Pays Basque espagnol) et scènes de morts violents et dévastation documentées sur le site (agencement photos J. Ordoño).

Le village de l’Age du Fer se situe à la croisée de plusieurs zones géographiques : région cantabrique, Méditerranée et intérieur du plateau espagnol. Cet emplacement privilégié a pu faire l’objet de convoitises et être à l’origine de luttes de territoires entre communautés voisines à l’aube de l’époque romaine. Les travaux archéologiques et anthropologiques menés sur le site de La Hoya documentent l’un des plus anciens témoignages de violences interpersonnelles en Europe et soulignent que les sociétés ibériques de l’Age du Fer étaient capables de compétitions territoriales très brutales même entre de petites communautés.

Cette recherche a bénéficié du soutien de la British Academy Newton International Fellowship.

Référence

Make a desert and call it peace: massacre at the Iberian Iron Age village of La Hoya - Teresa Fernández-Crespo, Javier Ordoño, Armando Llanos & Rick J. Schulting. Antiquity

Contact

Teresa Fernández-Crespo
Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique (LAMPEA - Aix Marseille Université / CNRS / Ministère de Culture)
Vincent Ollivier
Communication - Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe-Afrique (LAMPEA - Univ Aix-Marseille/CNRS/MC)